Yacouba Sawadogo, «l’homme qui a arrêté le désert», s’est éteint

Un infatigable protecteur de la nature nous a quittés : Yacouba Sawadogo est décédé à l’âge de 77 ans, ce dimanche 3 décembre à Ouahigouya, au nord du Burkina Faso.
Cet homme était célèbre à l’échelle mondiale pour avoir régénéré une forêt afin de lutter contre l’expansion du désert dans sa région natale dans les années 1980. Lauréat de plusieurs distinctions, dont le prix Nobel alternatif en 2018 et le prix Champions de la Terre du Programme de l’ONU pour l’Environnement deux ans plus tard, il laisse derrière lui un héritage colossal.
Yacouba Sawadogo, souvent décrit comme réservé, avait un langage particulier avec la nature, sachant dialoguer avec les arbres et la terre. Ce paysan, autrefois commerçant, avait choisi de retourner dans sa région d’origine au début des années 1980 pour combattre la progression du désert qui affectait la province du Yatenga. Confrontée à la désertification et à la sécheresse, la région a connu une dégradation des sols et une baisse de la productivité agricole, entraînant la famine, l’exode et la mort des arbres et des animaux.
Sawadogo a raconté : « Nous avons dû repenser notre manière de cultiver. Nos terres fertiles disparaissaient, et si nous restions passives, nos vies étaient menacées. »
De retour sur ses terres, il a redécouvert une technique ancestrale de culture, le Zaï, permettant de retenir l’eau des pluies dans des fosses et d’y déposer des matières organiques pour favoriser la croissance des cultures. Cependant, il a amélioré cette méthode en l’adaptant à son environnement, préparant le sol bien avant les pluies, creusant des fosses plus grandes, plus profondes, ajoutant des pierres pour retenir l’eau et travaillant avec des termites pour rendre le sol plus fertile. C’était une approche exigeante, nécessitant une grande persévérance.
Malgré le scepticisme initial de sa communauté, Yacouba Sawadogo a réussi à faire renaître une forêt entière grâce à sa détermination. Les sols ont été restaurés, les paysans sont des revenus cultivés. Il a été surnommé l’« homme qui a stoppé le désert », sa forêt créant un microclimat où une variété de vies végétales, animales, et même des abeilles ont repris leur place. La reconnaissance gouvernementale est lieu, et sa forêt est désormais protégée.
Yacouba Sawadogo a partagé sans relâche son savoir-faire, le diffusant à travers le pays et au-delà, jusqu’au Kenya. Le nom « Sawadogo » en langue mooré signifie « faiseur de nuages », une appellation en lien avec leur capacité passée à invoquer la pluie. À une époque où l’eau se faisait de plus en plus rare, Yacouba a su préserver cette ressource mieux que quiconque.